Depuis les années 1990, le concept de Réforme du secteur de la sécurité (RSS) fait partie intégrante des programmes de reconstruction post-conflit, de rétablissement de l’autorité de l’État et de développement. En République démocratique du Congo (RDC), la réforme de la police a joué un rôle essentiel dans les efforts d’édification de l’État et de renforcement de la gouvernance. Cependant, bien que certaines réformes aient porté leurs fruits, la Police Nationale Congolaise (PNC) reste en grande partie à l’image de l’État : dans la plupart des cas, elle ne rend aucunement compte de ses actes aux individus au service desquels elle est censée oeuvrer, et elle constitue un outil servant à extraire des ressources et à protéger les intérêts des élites.
La police étant l’une des principales institutions de l’État, il est impossible de la réformer sans améliorer considérablement le cadre de gouvernance plus général dans lequel elle s’inscrit. Tout en reconnaissant ce défi systémique majeur, le présent document suggère qu’une réforme de la police pourrait permettre de tirer des avantages certes modestes mais efficaces. En mettant l’accent sur le travail et le mode de vie du personnel de police au quotidien, les futures réformes pourraient contribuer à transformer le comportement de la police là où cela compte sans doute le plus : dans la rue et dans les postes de police, autrement dit à l’interface entre la police et la population.
Basé sur sept mois de recherches qualitatives sur la PNC menées à Bukavu entre 2016 et 2017, le présent briefing fait valoir que des réformes de la police plus ciblées, dictées par les acteurs locaux, peuvent être propices au changement, et souvent d’une manière plus durable—et plus viable financièrement—que les grands programmes d’appui aux réformes dictés par les donateurs qui ont été précédemment mis en place.