A form of insecurity that first manifested in rural areas in North Kivu, since 2015, kidnappings for ransom have also become commonplace in the city of Goma, Democratic Republic of the Congo (DRC). Here, it is children who are often the victims. In this blog, Passy Mubalama zooms in on the experiences of parents whose children have been kidnapped. Aside from being subjected to fear and uncertainty, they must go to great lengths to find the exorbitant sums required to pay the ransom; payments that have devastating economic impacts on entire families. Moreover, as the perpetrators are often close to the family—such as household help—child kidnappings tear apart the social fabric of society. In response to the child kidnapping crisis, schools have started to take preventative measures, such as issuing cards to identify those authorized to pick children up from schools. While parents and schools have taken considerable effort to address the crisis, the response from the authorities is lagging behind.
Sur une photo qu’il a publiée sur Facebook, tous ses enfants sont en lunette, 2 filles et 2 garçons bien habillés, mais une de ces filles, la petite de 4 ans, a disparu depuis environ 2 semaines, « on n’arrive pas à la retrouver ». Désiré, le père de la petite, est inconsolable, ne sait quoi faire ni vers qui se tourner pour retrouver sa petite fille chérie. Certaines personnes l’appellent chaque jour et exigent une rançon de 4000 US$ pour espérer retrouver un jour sa fille.
Depuis 2014, des cas de kidnapping sont légion dans la province du Nord Kivu en République Démocratique du Congo (RDC). Cette pratique s’est observée pour la première fois entre 2009 et 2010 dans le territoire de Rutshuru à plus ou moins 60 kilomètres de la ville de Goma où de nombreux cas de kidnapping avaient été reportés. Des pratiques similaires s’observent maintenant dans plusieurs autres territoires du Nord Kivu, notamment dans la ville volcanique de Goma à l’est de la RDC. Là, les ravisseurs ciblent des plus petits enfants et des mineurs, âgés entre 2 et 17 ans. À Goma, les premiers cas d’enlèvement d’enfants ont été enregistrés en août 2018 lorsqu’un petit garçon, Charles, 10 ans, avait était kidnappé, puis égorgé par ses ravisseurs dans le quartier Keshero pour terrifier ceux qui hésitent de payer la rançon.
Désiré n’est pas le seul parent à avoir perdu la trace d’un de ses enfants dans des circonstances floues. De nombreux autres parents ont vu leurs enfants disparaitre sans savoir comment réagir.
Ravisseurs : souvent des proches de la famille !
La fille de Marianne, une autre habitante de Goma, avait été kidnappée par la complicité de ses deux domestiques, un homme et une femme qui exerçaient des travaux de ménage dans sa maison, alors que Marianne était à son lieu de travail. L’homme a organisé le kidnapping et la femme en était une complice. Comme ces deux personnes étaient très familiers à l’enfant et que ce dernier leur faisait confiance, elles sont parties avec l’enfant sans crainte aucune. Mais pour ces personnes, l’objectif principal était de soutirer de l’argent aux parents de l’enfant.
« Lorsque nous avons commencé à rechercher l’enfant, nous avons interrogé plusieurs personnes, des voisins, des membres de la famille, des amis etc., sans suite. Mais les voisins ont affirmé par la suite avoir vu l’homme de ménage partir avec l’enfant ce qui nous a mis sur cette piste » affirme Marianne. « Après avoir été interrogée, la femme de ménage, qui était encore à la maison, finit par avouer qu’elle était complice mais que l’homme de ménage avait tout manigancé en lui promettant de l’argent si le coup réussissait » ajoute Marianne. « C’est seulement après, que nous avons pu récupérer l’enfant grâce à la police et au chef du quartier qui se sont impliqués dans l’enquête » conclut Marianne.
Cette situation de kidnapping par certaines personnes proches de la famille continue à briser le tissue social qui est déjà profondément fragilisé par les conflits armés et la crise sociale, économique et politique dans l’est de la RDC. Aujourd’hui, plusieurs personnes ont du mal à se fier à leurs proches qui autrefois jouissaient de toute leur confiance.
« J’ai décidé d’abandonner mon travail et de protéger seule mes enfants car je n’ai plus confiance en personne, je ne sais plus quoi faire » avoue une autre femme qui a requis l’anonymat.
Pourtant, les proches ne sont pas les seuls ravisseurs potentiels. D’autres auteurs de kidnapping sont des membres de la communauté ou des petits bandits du quartier qui font du kidnapping une source de revenu à cause du taux de chômage et de la pauvreté de certains d’entre eux.
Utiliser la ruse pour kidnapper les enfants
Pour kidnapper, les ravisseurs utilisent différentes techniques et ruses pour avoir toute l’attention des enfants. Ils leurs offrent des cadeaux précieux qui peuvent les attirer, par exemple des petits jouets ou des bonbons. Dans leur innocence, ces enfants se voient emportés ainsi.
Les enfants peuvent être kidnappés n’importe où et n’importe quand dans la ville de Goma. La majorité le sont surtout lorsqu’ils reviennent de l’école d’où ils sont parfois récupérés par des membres de la famille restreinte ou élargie.
« Ma fille avait été kidnappée lorsqu’elle revenait de l’école. Elle rentrait à la maison généralement vers 13 heures, mais cette fois-là non. Pendant un moment on a pensé qu’elle jouait avec d’autres enfants, mais à notre grande surprise, elle n’est pas revenue ” raconte l’inconsolable mère de Zahabu, des larmes aux yeux. « On a essayé de la chercher à l’école, chez des familles voisines, chez des amis mais sans succès, nous ne savons plus quoi faire ». Affirme-t-elle. Quelques jours après avoir payé une rançon de 2000 dollars telle qu’exigée par les ravisseurs, nous avions retrouvé notre enfant, « Selon notre fille, le kidnappeur lui avait proposé de lui acheter des bonbons et de lui amener auprès de ses parents, l’enfant en toute innocence n’avait pas hésité et a suivi son bourreau » affirme la mère de la petite fille.
La rançon : la condition sine qua non pour revoir son enfant
Les ravisseurs exigent d’importantes sommes d’argent que les familles des victimes ne sont pas toujours en mesure de payer. Pauvres, certaines familles font l’impossible pour récupérer leurs enfants. Elles vont parfois jusqu’ à vendre certains bien importants de la famille. Sinon elles font recours aux membres de la famille élargie parfois aussi pauvres. Ces dernières donnent des contributions importantes dans l’espoir de retrouver l’enfant. Lorsque la famille ne peut pas réunir la somme requise par les ravisseurs, le risque est énorme : celui de retrouver l’enfant mort. Un risque que personne ne veut prendre.
Désiré raconte : « Lorsque ma fille a disparue, je ne savais plus quoi faire, deux jours après, j’ai reçu un coup de téléphone, un homme à l’autre bout du fil. Il m’a informé qu’il connaissait où se trouvait ma fille et que si je voudrais la revoir je devrais suivre exactement tout ce qu’il me disait. Il m’a demandé de prendre un bus et d’aller lui déposer l’argent (2000 US$), et qu’il me dira exactement comment je lui ferai parvenir cette somme d’argent. » Il poursuit : « J’ai essayé de réunir un peu d’argent que j’avais et j’ai demandé aussi aux autres membres de ma famille de nous assister pour que nous soyons en mesure de libérer l’enfant. Après avoir réuni difficilement la somme exigée, et suivi scrupuleusement les directives des ravisseurs, nous avions retrouvé notre enfant. Nous avions peur car de nombreux parents que nous connaissons qui n’avaient pas respectés ces directives ont vu leurs enfants tués ».
Des nouvelles mesures pour la sécurité des enfants
La recrudescence des cas de kidnapping des enfants dans la ville de Goma a conduit plusieurs écoles à développer des mesures internes de protection des enfants. Ces mesures ont été mises sur pied par les comités des parents et par les responsables d’écoles pour mieux protéger les enfants et réduire ainsi les risques d’exposition au kidnapping.
« Désormais, à l’école de mon frère, la Youth Inspiration Académie, aucune autre personne ne peut venir retirer l’enfant si ce n’est pas moi. Chaque responsable de l’enfant a une petite carte remise par l’école comme carte d’identité pour identifier la personne qui retire les enfants. La carte offerte par l’école reprend l’identité de la personne autorisée à récupérer l’enfant et la photo de l’enfant. Sans cette carte, aucune autre personne ne peut retirer l’enfant », explique Joël Mungu Akonkwa. Cela sécurise de plus en plus les enfants poursuit-il.
En dépit de ces mesures, la situation de kidnapping des enfants demeure malheureusement une triste réalité dans la ville de Goma. Cette situation a non seulement produit des conséquences néfastes sur le plan social en termes de la sécurité individuelle des familles et des enfants, mais surtout sur le déchirement du tissu social déjà fragilisé par les conflits armés dans l’est de la RDC.
Comme le font déjà les familles et les écoles qui ont pris leurs responsabilités en mettant en place des mesures de prévention pour la sécurité des enfants, les autorités devraient intensifier leurs efforts de mettre fin à ce phénomène qui met en danger la vie de ces enfants.
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