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Insécurité des marchands vespéraux dans la ville de Goma

In the city of Goma, numerous shop-keepers and street vendors—for instance, those selling phone credit, alcoholic drinks or food—work at night. As Alain Mukombe Misege analyzes in this blog, in certain quarters of the city of Goma—in particular, Kyeshero, Majengo and Mugunga—these economic operators run very high risks. Since the end of 2018, there has been an increase in cases of armed robbery, violent extortion and killings targeting those who work at night. The socio-economic consequences are profound: not only does the inability to circulate at night hamper commercial activities, many of those who have seen their goods stolen are no longer able to repay their micro-credits loans, and see their plots or other belongings confiscated. Unfortunately, the security services have been largely indifferent towards this problem, and are even accused of complicity with the bandits sowing insecurity at night.

 

Goma, l’une des villes de l’Est de la République démocratique du Congo à la limite avec le Rwanda, est actuellement confrontée à une insécurité récurrente. Celle-ci se manifeste par  plusieurs cas d’abus et violations des droits humains, notamment sur les marchands vespéraux des quartiers Kyeshero, Majengo et Mugunga. Ces abus consistent en des cambriolages, extorsions, blessures par balles  et parfois des tueries. Le présent blog a pour objectif d’analyser le contexte d’insécurité dont sont victimes ces marchands vespéraux. Il analyse les questions suivantes : Comment et pourquoi l’insécurité affecte-t-elle les marchands qui vendent leurs biens pendant la soirée ? Quels sont les cas d’insécurité récurrents? Quelles réponses les autorités civiles et militaires apportent-elles à cette insécurité ?

 

L’insécurité: un facteur qui déstabilise les activités vespérales

Les marchands vespéraux avec leurs produits à Goma. © Alain Mukombe MisegeLes marchands vespéraux exerçant leurs activités dans les quartiers de Kyeshero, Majengo et Mungunga de Goma disent que, depuis près de deux ans, leurs quartiers sont caractérisés par une insécurité grandissante après 18 heures. Ils sont ainsi victimes de cambriolages, d’extorsions et parfois même de tueries. Cette situation place ces marchands dans l’impossibilité d’exercer leurs activités quotidiennes en toute  quiétude. Comme ils se trouvent obligés de fermer les boutiques plus tôt que prévu, ils ne maximisent pas assez de temps de travail. Pour ceux qui  choisissent  d’exercer  leurs activités loin de leurs domiciles, ils se voient obligés de retourner bien avant l’heure de fermeture pour ne pas courir des risques sécuritaires, ce qui diminue la maximisation de profit. Les personnes les plus concernées par cette situation sont : les vendeurs d’unités d’appel téléphonique, les agents de transfert d’argent dans les boutiques, les vendeurs des produits divers les revendeurs et vendeurs de boissons alcoolisés et les vendeurs de vivres sur les artères publiques, les rues des quartiers et aux petits marchés communément appelés «  kasoko ».

 

Vivre l’insécurité au quotidien

Depuis le début de l’année 2019, plusieurs cas d’insécurité ont été signalés dans les quartiers ciblés par cette étude. À titre d’exemple, dans la soirée du jeudi 31 janvier 2019, aux environs de 18h30 au quartier Kyeshero (avenue Kanyambongo),  un vendeur d’unités d’appel téléphonique âgé de 20 ans répondant au nom Aristote Bikenge a été cambriolé lorsqu’il rentrait chez lui. Agressé par cinq bandits à mains armées et en tenue civile, ces malfrats ont ravi ses trois téléphones et de l’argent en lui logeant une balle dans sa jambe gauche .Après cet acte, ils se sont volatilisés dans la nature. Pas plus loin, dans la soirée du 16 au 17 février 2019, aux environs de 19h30, un autre groupe des bandits à mains armées en tenue civile tuait plus de huit personnes parmi lesquelles trois marchands vespéraux (deux boutiquiers et un vendeur d’unités). Ils emportèrent également  plusieurs biens de valeur.

 

Conséquences de l’insécurité

Depuis la fin de l’année 2018 au cœur du phénomène d’insécurité dans différents quartiers de Goma, les marchands vespéraux affirment être de plus en plus insécurisés par des procédures judicaires de saisie de leurs immeubles ou parcelles. D’autres marchands sont parfois arrêtées au parquet ou à la police pour n’avoir pas honoré leurs obligations de rembourser les crédits contractés auprès des tiers personnes, dans une banque ou dans des coopératives.

Par témoignage,  une dame de Kyeshero vendeuse dans une boutique des vivres et divers nous déclare ce qui suit «  Moi j’ai été victime le 25  janvier  2019  d’un cambriolage dans ma boutique par des personnes armées et masquées en tenues militaire et civile. J’avais perdu une grande somme d’argent empruntée dans une coopérative en contrepartie de ma parcelle; mais…Me voici en difficulté, tandis que ladite coopérative cherche à vendre ma maison à cause des pénalités liées aux retards de remboursement alors que ce sont nos gouvernants étatiques qui sont incapables de me sécuriser dans mes activités. Pourtant, à ces jours, ces mêmes autorités [les services judiciaires] ont autorisé la vente de ma maison. Que faire maintenant avec ma famille alors que mon mari n’a pas de travail, mes enfants ne vont plus à l’école? Dans une telle situation, autant mourir que vivre. »

Au quartier Majengo, un père de famille, victime d’un problème similaire nous explique que : « Dans notre quartier, il y existe un groupe des personnes qui octroient des micro-crédits avec intérêts à quiconque en besoin à condition d’offrir un gage. Au mois de novembre 2018, j’ai contracté un micro-crédit pour ouvrir une boutique de transfert d’argent. Deux mois après, j’ai été victime d’un cambriolage aux environs de 19h30 : des bandits ont emporté tout et à ce jour, je suis en procès au tribunal avec mes créanciers car ils cherchent à vendre ma maison vus les retards de remboursement et les pénalités...».

 

L’indifférence des autorités

Les quartiers précités ci-hauts sont dotés de postes de commissariat de la police en vue de sécuriser les personnes et leurs biens. Mais aux dires des marchands vespéraux, la police est incapable de les protéger. Les policiers sont souvent absents de leurs postes, trop loin ou n’interviennent simplement pas. Cette situation laisse perplexes les marchands vespéraux car ils peinent à vendre au-delà de 19h30. Les plus courageux le font à leurs risques et périls vu qu’il n’existe aucune garantie sécuritaire auprès des autorités administratives militaires ou policières. En effet lorsque ces marchands  dénoncent des cas de cambriolage où d’extorsion, les autorités n’apportent pas de réponse et font souvent preuve  d’indifférence.

Pour le moment, cette indifférence conduit à la montée de la  justice populaire. Celle-ci pousse les habitants à brûler les bandits, car une fois appréhendés et remis à la police, ils sont libérés des cachots et on les revoit à nouveau circuler librement et en toute quiétude dans la ville. Plusieurs marchands vespéraux expliquent que la persistance de cette situation d’insécurité résulte de plusieurs facteurs, notamment l’irresponsabilité des autorités étatiques, l’absence d’une police et d’une armée efficaces pour sécuriser les citoyens, ainsi que le  manque d’encadrement des ex-combattants vivant au sein des populations. En plus de ces raisons, les quartiers ciblés par l’insécurité vespérale comptent plusieurs jeunes désœuvrés qui se livrent à la délinquance. Visiblement, ces jeunes délinquants opèrent en complicité avec les éléments de la police et de l’armée pour inquiéter les opérateurs économiques. Cette situation d’insécurité qui frappe les marchands vespéraux de Goma révèle ainsi des défaillances dans la mission régalienne des autorités civiles et militaires urbaines, incapables de protéger, sur son territoire toute personne et ses biens et de lui assurer une libre circulation. .  

 

Créer la sécurité urbaine

Comment mettre fin à l’insécurité dont sont victimes les marchands vespéraux de Goma ? Une réponse est d’introduire la justice de proximité ; c’est-à-dire une justice qui se préoccupe de la manière dont vivent concrètement les gens. Ceci nécessite la réforme de la justice. D’autres éléments pouvant pallier au phénomène d’insécurité sont notamment: l’électrification des rues, l’hébergement des policiers et des militaires dans des casernes, une meilleure prise en charge des ex- combattants, la formation des chefs de base (chefs d’avenue et des quartiers) sur le recensement des populations ou la création d’emplois pour les jeunes. Une autre mesure cruciale  concerne l’introduction des critères plus rigoureux de recrutement au sein des forces et agences de sécurité. Mais la question reste : Qui va implémenter cette vague de mesures qui peut contribuer au rétablissement de la sécurité dans la ville de Goma ? Sans un gouvernement responsable, les marchands vespéraux risquent de rester dans l’insécurité quotidienne.

 

USAID

This blog is made possible by the generous support of the American people through the United States Agency for International Development (USAID). The contents are the responsibility of the author and do not necessarily reflect the views of USAID or the United States government or the Rift Valley Institute.

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