The city of Goma, in North Kivu province, is home to numerous former child soldiers. After leaving armed groups that are active in rural areas, they often go to the city. This is because the communities where they used to live no longer accept them or because of the opportunities available in urban areas. Once in the city, these youth—some of whom may have brought military equipment with them—become vulnerable to involvement in violent crime, for example by joining groups of maibobo, or street children. They are also susceptible to being re-recruited into armed groups. This is especially the case when disarmament, demobilization and reinsertion programmes fail, and they are not able to earn a basic income. Moreover, certain former child soldiers, in particular from armed groups known as Mai Mai, are encouraged to participate in demonstrations as they are believed to be immune to bullets. However, not all former child soldiers turn to violent crime. Some successfully transition to a non-violent civilian life. This shows that with the right policies and efforts, a violent past does not need to become a violent future.
Ces dernières années, Goma, la ville-capitale du Nord-Kivu est confrontée à plusieurs cas d’insécurité. On observe les mouvements des populations des milieux ruraux vers Goma pour diverses raisons notamment économiques, en termes d’échanges commerciaux ou à la quête d’un travail. D’autres personnes migrent dans Goma pour des raisons sécuritaires, suite aux violences vécues dans les zones rurales. Comme conséquence, Goma compte actuellement plus d’un million d’habitants de telle sorte que les quartiers périphériques tels que Ndosho, Majengo, Katoyi, Kilijiwe, Katindo 2 et Ngangi sont quasi-surpeuplés.
Goma connait surtout des problèmes sécuritaires caractérisés par des meurtres, kidnappings et cambriolages. Les auteurs sont présumés être, entre autres, certains enfants de la rue, des voleurs à mains armées et autres bandits civils armés, souvent non autrement identifiés. Ce blog se focalise sur une autre catégorie d’acteurs d’insécurité : les enfants sortis des groupes armés.
Victimes et auteurs
Certains enfants sortis des groupes armés font partie des acteurs-clés de l’insécurité dans Goma. Cependant, il ne s’agit pas de tous les ex-enfants soldats. Il existe également d’autres jeunes qui quittent les groupes armés et sont paisiblement réinsérés dans les activités économiques. Parmi eux, il y a ceux qui ont des ateliers de soudure, d’autres des ateliers mécaniques, des salons de coiffure ou des ateliers de menuiserie. D’ailleurs, les enfants sortis des groupes armés ne sont pas seulement auteurs de l’insécurité. Ils en sont aussi victimes. Lorsqu’ils quittent les groupes armés, certains parmi eux ne sont plus acceptés dans leurs familles étant donné qu’ils sont assimilés à la violence armée. Ainsi, ces enfants sont obligés de trouver asile ailleurs dans des centres urbains comme Goma, certains étant toujours munis d’effets militaires. Malgré qu’ils aient ces effets, une grande vulnérabilité caractérise ces enfants.
Pour témoignage, un garçon de 17 ans du quartier Majengo nous relate ce qui suit : « Je suis un ancien du Groupe Mai-Mai Charles, mon chef m’aimait beaucoup. Dans la brousse, il voulait chaque fois se rassurer que je me portais bien. Il m’envoyait ainsi dans certains lieux tenus secrets. Mais, dans toutes les cas, la vie en brousse était difficile. Lors d’un affrontement, à Nyabitale, j’avais pris fuite jusqu’à Kiwanja, mais l’information est parvenue à mes parents à Nyamilima qui m’ont conseillé de venir jusqu’ici à Goma où je vis très difficilement. Parfois je me trouve ici avec mes amis avec qui nous avons été dans le groupe Mai-Mai. D’autres amis qui sont toujours là en brousse nous appellent de venir au motif que les conditions de vie se seraient améliorées là-bas ».
Pas de chiffres exacts
Il est impossible de connaitre le chiffre exact d’enfants qui se retrouvent dans les rangs des groupes armés. L’accès à ces enfants pose problème et les actions de monitoring sont difficiles à mener. Mais, les tendances statistiques prouvent à suffisance que la situation est grave. Selon un rapport 2015 de la section Child protection de la Mission des Nations Unies au Congo (MONUSCO), les statistiques actuelles montrent que près de 15000 enfants seraient encore dans les rangs des groupes armés au Nord-Kivu. Plus difficile encore, c’est de connaître les statistiques exactes d’enfants qui y perdent la vie lors des hostilités ou tortures infligées par les seigneurs des guerres. Il est constaté avec amertume que les chefs des milices qui ont enrôlé les enfants dans les groupes armés et les personnes ayant participé au processus de leur recrutement n’ont pas, jusqu’à présent, fait l’objet de poursuites judiciaires pour les crimes commis.
Des sorts différents
À Goma, trois groupes d’enfants sortis des groupes armés s’observent.
Le premier groupe est constitué d’enfants qui vivent dans les rues. Ils sont souvent utilisés pour causer des meurtres et des pillages. Ces enfants portent parfois des armes et commettent des forfaits violents dans la ville avec les expériences glanées dans les groupes armés.
Le deuxième groupe concerne les enfants qui font partie des cibles-clés des nouveaux recrutements. Etant dans une situation de vulnérabilité, ces enfants ne sont pas réinsérés sur le plan socio-économique et ont, en quelque sorte, perdu l’espoir. Il est ainsi constaté que lors des recrutements des groupes armés en ville, les cibles- clés sont les enfants ayant déjà pris le gout au maniement d’armes. Dans la ville de Goma comme dans les zones rurales, ces enfants sont ainsi sollicités par les adultes pour perpétrer des actes violents par la ruse, la tromperie ou des promesses d’obtenir de l’argent.
Enfin, le troisième groupe d’enfants concerne ceux déjà réinsérés sur le plan socioéconomique dans la foulée des initiatives des structures de Désarmement, démobilisation et réinsertion (DDR) de la MONUSCO ou l’Unité nationale pour le désarmement, la démobilisation et la réintégration (UNPDDR) à travers les associations partenaires locales qui œuvrent dans le domaine. Cependant suite à une mauvaise analyse des besoins et de choix des activités génératrices des revenus par les intervenants, beaucoup d’enfants ne trouvent pas de travail convenable après leur participation dans un programme de réinsertion. Certains parmi eux vendent même les kits de réinsertion parce que ces derniers ne sont pas rentables ou s’adonnent à nouveau aux violences contre les populations. Plusieurs cas de ce genre sont constatés dans Goma. En effet, dans les groupes armés, ces enfants avaient la facilité de se procurer de l’argent facile par des actes de pillage et de kidnapping. Quand ils sont privés des sources de revenu, ces enfants sont poussés à nouveau à commettre des forfaits sur les populations civiles.
Cette troisième catégorie d’enfants sortis des groupes armés opérant dans le Masisi et Walikale est particulièrement active dans le quartier Ndosho. Par contre dans les quartiers Majengo et Katoyi, on retrouve des enfants sortis des groupes armés du territoire de Lubero et Rutshuru.
Contribuer à l’insécurité
Pourquoi les enfants sortis des groupes armés finissent-ils par commettre des actes d’insécurité dans Goma ?
En premier lieu, étant donné qu’ils sont venus avec les effets militaires, certains enfants fournissent les armes aux voleurs à mains armées. Nous observons aussi que lors des manifestations de rue organisées par la société civile (par exemple les mouvements citoyens), les enfants sortis des groupes armés Mai-Mai prennent le devant parce qu’ils sont considérés comme « les invaincus » c’est-à-dire que même si la police ou l’armée utilise des armes pour disperser les manifestants, ces enfants ne peuvent pas, semble-t-il, être atteints par les balles.
Dans d’autres cas, une fois dans Goma, ces enfants s’associent aux enfants vivant dans la rue, et commettent avec ces derniers des violences pendant la journée ou s’adonnent au banditisme armé durant la nuit. On constate également que ces mêmes enfants sont utilisés pour pister les personnes qui sont kidnappées par la suite. Retenez que, bien qu’ils vivent à Goma, certains enfants maintiennent des contacts avec des seigneurs de guerre dirigeant les groupes armés d’où ils sont sortis. Les autres enfants jouent un rôle non négligeable dans la perpétration des vols et kidnapping dans Goma. Cette situation replonge encore les enfants dans un cauchemar : ils revivent les mêmes scènes d’horreur qu’ils ont fuit dans les zones contrôlées par les milices.
Il est important de noter que si les enfants sortis des groupes armés ne sont pas bien pris en charge, ils constituent un réel danger social pour la sécurité urbaine. Les autorités locales devraient faire en sorte que les effets militaires que ces enfants détiennent soient retrouvés, gardés en lieux sûrs ou détruits, sinon les populations continueront à assister à des problèmes sécuritaires dans les quartiers périphériques comme Ndosho et Majengo où les armes circulent en masse. Il est aussi crucial qu’à Goma, les autorités prennent des mesures de prise en charge et de réinsertion efficaces des enfants démobilisés au vu du danger que leur présence et activités de prédation crée sur la sécurité des personnes et de leurs biens.
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